SOFYIA • Try turning the safety off.

« Il y des choses que l'on s'efforce d'oublier. D'autres qu'on ferait mieux de garder pour soi. Dans tous les cas, rien ne se passe jamais comme on le voudrait. »

Un passé dont chaque souvenir est empreint de douleur est souvent difficile à porter. Même quand on s'efforce de l'oublier, chaque jour, chaque heure, chaque minute qui passe. Née en Géorgie, lors d'un hiver particulièrement violent, d'une mère russe, et fille de joie, et d'une père alcoolique qui ne résista pas au froid mordant peu de temps après sa naissance, surtout avec l'équivalent d'une dizaine de bouteilles de vodka dans l'estomac. Sergueï, pauvre fou... Sofyia a grandi dans des conditions étant plus qu'inadéquates pour une si jeune fille : un bordel, au nord de Tbilissi, où très jeune elle fut la proie d'hommes d'affaires venus de tous les recoins de la Russie, et même d'Europe, pour acheter son corps. Vous n'avez pas idée du genre de séquelles qui l'affublent à cause de ce passé. Elle ne pouvait s'empêcher de verser une larme en pensant à la veille, et à ce que le lendemain lui réservait comme châtiment.

Vers ses seize ans, la jeune fille fut choisie par Vadim Nediliev comme étant sa protégée, personne ne pouvait plus approcher Sofyia sans l'accord de ce dernier. En échange d'une importante somme d'argent, Sofyia accepta de devenir sa fille adoptive, et elle revêtit le nom de Nediliev. Même si elle pensait enfin avoir échappé au pire, il n'hésita pas à abuser d'elle ; mais c'était bien peu de choses vu les choses qu'il lui offrait : une éducation, un moyen de s'émanciper, mais tout particulièrement dans le domaine de l'Histoire et de l'Art. Malgré les souffrances qu'elle devait endurer, et les cicatrices qui jonchaient son corps et son esprit, elle apprenait à vitesse grand « V », et bien vite, elle devint la voleuse d'oeuvres d'art que son "père" avait fait en sorte qu'elle devienne.

Une force nouvelle coulait dans ses veines, et bien vite, une envie de liberté la prit aux tripes. Un désir incommensurable d'aventure, d'inconnu, de danger, loin de la Géorgie, et de son passé. En 1942, Vadim Nediliev fut assassiné, tous les soupçons étaient portés sur sa fille adoptive, Sofyia, mais celle-ci disparut dans la nature, sans laisser de traces, sans que personne ne la retrouve...




« En temps de guerre, il y a les victimes, et les profiteurs de guerre. On oublie une classe dont la dénomination n'a pas encore été donnée, mais dont la puissance n'est plus à démontrer. »

Le contexte de la Seconde Guerre Mondiale permit à Sofyia d'exécuter de nombreux contrats, et de faire monter en flèche sa réputation. Ses capacités n'étaient plus mises en doutes par sa condition de femme, ou ses origines sociales. Elle n'était plus que le reflet de ses actions : une femme efficace, redoutable et dangereuse, dont les services étaient à prendre, ou plutôt, à louer. Et par services, elle ne faisait plus allusion à son passé dans le bordel géorgien...

Étant intervenue dans un conflit dont tous les indices menaient à la Devisson Corporation, et de fil en aiguille, les rumeurs au sujet de ce Graham Devisson, héritier de l'entreprise, ont piqué la curiosité et l'intérêt de la jeune femme. C'est alors qu'elle décida de laisser quelques éléments à son sujet derrière elle, éléments qui mènerait Devisson Fils jusqu'à elle. Bien vite, il parvint à prendre contact avec elle, tout comme l'avait vivement souhaité Sofyia, et après une première confrontation, chacun d'entre eux exprimant leurs façons de voir les choses, ils passèrent et signèrent un contrat, certes un simple bout de papier, mais dont les effets se répercutèrent sur la nuit éreintante qu'ils passèrent ensemble. Ne jamais mélanger travail et plaisir, c'était une des règles de la mercenaire, mais lui, il valait bien une exception.

De toute façon, ils s'étaient mutuellement promis de se focaliser sur leur travail. Travail dont la nature échappait encore à Sofyia, mais pas pour longtemps.